Blindspotting

Dans une Californie en pleine mutation, deux amis d’enfance d’Oakland s’accrochent à leurs racines et se révoltent contre l’exclusion.

Collin (Daveed Diggs) est black et termine sa période de conditionnelle dans quelques jours, avec la peur au ventre que tout puisse déraper au dernier moment et lui prolonger sa peine d’une année supplémentaire. D’autant plus qu’il fréquente depuis sa plus tendre enfance Miles (Rafael Casal), un écorché vif qui ne peut pas sortir sans un flingue en poche ou sans encastrer ses poings sur le visage des Hipsters qui pullulent et gentrifient progressivement leur quartier natal.

Un soir, à son sage retour à la maison avant le couvre-feu qui lui est imposé par son jugement, Collin assiste, pétrifié d’horreur, à une bavure qui coutera la vie d’un jeune noir, abattu sans sommation de 4 balles dans le dos par un policier blanc.
Collin se retrouve face à un dilemme qui va le torturer des jours durant : dénoncer ce meurtre, symbole de l’injustice quotidienne qui règne encore aux States et dont il a été lui-même victime depuis qu’il est né, ou se taire pour ne pas faire de vague supplémentaire qui compromettrait sa libération.

Tout n’est pas que blanc ou noir dans ce film. Il y a dans tout jugement un « angle-mort » (Blindspotting) par lequel le regard peut trouver une perception plus juste des choses.
La colère, la violence, pas plus que la vengeance ne peuvent dénouer les problématiques abordées qui font le lot quotidien des villes américaines où les communautés se côtoient tant bien que mal.
Si les armes prennent trop souvent la parole, c’est en rapant que Collin s’est engagé dans son combat contre les discriminations de toutes sortes.
Il pointe ses slams comme ses « Bro » pointent leurs guns, et ses mots fusent comme des balles.

Daveed Diggs est comédien et rappeur (à l’origine du groupe de hip-hop Clipping), Rafael Casal est comédien, dramaturge, metteur en scène et slameur.
Ce duo de choc se connait depuis longtemps dans la vraie vie, et c’est ensemble qu’ils ont écrit le scénario de ce film dont ils ont confié la réalisation à Carlos López Estrada.
Le résultat est original, puissant et jouissif.
Le rap y est bien sûr très présent, mais souvent sans musique, et les longues tirades de Collin, empreintes d’une profonde vérité, sont électrisantes.

Excellent moment, à voir sans aucune excuse possible en VO !

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