Dead Man

 

« Il est préférable de ne pas voyager avec un mort »

Henri Michaux

 

Peut-être le meilleur film de Jim Jarmusch.

Un jeune homme, William (Bill) Blake (Johnny Depp) quitte Cleveland pour se présenter au poste de comptable qui lui a été promis par courrier, et traverse une partie des Etats-Unis, direction plein Ouest. Malheureusement pour lui, le courrier lui est parvenu trop tard et la place est déjà prise.
Malheureusement pour lui aussi, il s’amourache d’une jeune fille sortie d’un pub manu militari et le couple est surpris le lendemain matin au réveil par l’ancien compagnon de l’effarouchée. Alors qu’il n’a jamais manipulé d’arme jusqu’ici, il tue l’amoureux éconduit après que ce dernier ait lui-même quelques minutes plus tôt tué la jeune-fille.
Et comme la chance ne sourit vraiment pas à William Blake, il s’avère que l’amoureux défunt était le fils de son espéré employeur (Robert Mitchum), qui n’a pas du tout l’intention de se contenter d’enterrer son fils.

C’est poursuivi par des tueurs à gage, tous les marshalls du pays et tous ceux qui aimeraient toucher sa mise à prix (qui augmente au fil de son odyssée et au nombre de morts qu’il laisse en chemin…) qu’il fuit un l’ouest sauvage et mystique où des rencontres aussi inattendues qu’initiatiques vont transformer le jeune homme en tueur malgré lui, et le mener jusqu’à l’autre rive, celle où sa mort annoncée va le rattraper.

Critique sans retenue de la sauvagerie de la conquête de l’ouest coûte que coûte, où chacun est prêt à tuer pour gagner sa parcelle, son or ou simplement sa liberté.
On se tire dessus, on se vole, on se mange, dans un délire psychotique, exacerbé par les accords plaqués, graves et résonnants des guitares électriques de Neil Young.

L’illettrisme et la misère intellectuelle des colons s’opposent avec humour à la culture improbable d’un amérindien enlevé enfant par des anglais et éduqué auprès de l’aristocratie du vieux continent, qui voue un culte sans réserve à ce jeune William Blake, qu’il prend pour le poète, et dont il est sûr que le retour sur terre est un signe des esprits.

Par des fondus au noir récurrents, une symbolique mortuaire omniprésente, et un rythme pesant, le film avance comme on avance vers sa propre mort, inévitable et non négociable, accompagné par Personne (le nom de l’indien érudit), jusqu’au bout du chemin.
En l’occurence, ce chemin se finit sur les plages de l’océan, probablement le Pacifique, symbolisant dans le même temps la fin de la ruée vers L’ouest..

« Go West young man…. »

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