Retour d’Asghar Farhadi (Une Séparation) avec un nouveau drame rondement mené.
A l’occasion du mariage de sa soeur, Laura (Penelope Cruz) revient d’Argentine dans son village natal d’Espagne, au coeur des vignobles ibériques, avec ses enfants mais sans son mari (Ricardo Darin).
Toute la famille est heureuse de ces retrouvailles devenues rares, et c’est dans la célébration du bonheur et de la joie de vivre que le mariage prend corps.
Même Paco (Javier Bardem), l’ex ami d’enfance (et peut-être bien plus…) de Laura fait partie de la fête et rien ne semble pouvoir altérer l’allégresse que propage rapidement les breuvages locaux.
Mais très vite, un évènement aussi imprévu que grave va bouleverser tout ce petit monde insouciant.
Alors, les esprits s’agitent, les rancoeurs à peine enterrées ressurgissent, les mémoires parlent. Les non-dits hurlent leurs souvenirs dans une omerta omniprésente que personne ne veut entendre.
Pourtant, tout le monde sait…
Au travers d’un simple regard, une attitude, un mot lâché trop vite, ou peut-être par une connaissance intime des choses, tout se sait, le passé se grave en secret dans un clocher d’église comme au plus profond de nos gènes, de nos âmes.
Javier Bardem est magnifique, triomphal dans ce rôle de grand perdant, portant sur lui (et sa carrure imposante de paysan vigneron), le poids du sacrifice et du secret avoué.
Penelope Cruz est impressionnante dans son désespoir de mater dolorosa, apparaissant parfois échevelée et sans maquillage, brute, déchirée, anéantie, splendide.
On retrouve donc avec joie ce couple unit aussi dans la vraie vie, après avoir savouré leurs jeux il y a peu dans Escobar.
Très beau film, dont l’intrigue nous questionne jusqu’à la fin, où chacun trouvera au fond, un peu de son propre secret de famille.