First Man

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Alors que les Etats-Unis sont enlisés au Vietnam, qu’une partie de la population conteste les choix politiques et économiques du gouvernement, le président John F. Kennedy  promet la Lune a ses concitoyens.

Le programme Apollo voit le jour en 1961, et la course à la reconquête du prestige américain dépassé par l’avancée russe en matière aéronautique va couter cher en budget, comme en pertes humaines. Parmi les pionniers sélectionnés pour le Saint Graal de la conquête lunaire, un homme se profile. D’une intelligence hors-norme, d’une opiniâtreté au travail déroutante, mais rongé par le deuil de sa fille Karen emporté par une tumeur au cerveau avent sa troisième années, Neil Armstrong pourrait être l’heureux élu.

Damien Chazelle (La La Land) a choisi de nous raconter la plus extraordinaire aventure de l’humanité à travers le prisme d’un homme qui ne demande qu’à partir vers les étoiles pour se rapprocher de celle qu’il a perdue trop tôt ci-bas sur Terre.
C’est avec un profonde intériorité que l’on accompagne le héros spatial dans sa propre quête de libération. Quitter la terre, se libérer de l’attraction terrestre ou au contraire percer l’atmosphère pour pouvoir revenir représente un lot de prouesses aussi éprouvantes que de de finir un deuil et continuer de vivre avec l’absence.

Se glisser à bord du vaisseau Apollo est aussi confortable et prometteur que de se coucher dans un cercueil. Aucun espace n’est superflu, et pour être à bord avec Armstrong (Ryan Gosling), Buzz Aldrin (Corey Stoll) et Michael Collins (Lukas Haas), on ne peut que se faufiler à travers leur combinaison et profiter du moment à travers leurs regards ahuris. Tout vibre tout tremble, tout est incertain, presque aléatoire, tenant presque du miracle malgré le déploiement d’ingéniosité et de moyens financiers pour un tel exploit.

Le travail du son est époustouflant, assourdissant par sa puissance lors de la mise à feu des moteurs à l’ergol du titanesque lanceur Saturne ou extrêmement absent dans le silence absolu du paysage découvert quelques minutes après l’alunissage.

Là, Neil Armstrong, dans sa solitude de premier homme à marcher sur un sol jamais foulé, mais aussi celle d’un mari distant trop absorbé par sa mission, comme celle, plus douloureuse, d’un père endeuillé, prononce sa phrase éternellement mythique. Ryan Gosling incarne à la perfection le personnage délibérément voulu sombre et mélancolique par le réalisateur.
La vue, à travers la visière du casque de l’astronaute, sur le paysage vide et désolé de l’astre de la nuit est sublime. Ce silence imposé par Chazelle, cet instant de pétrification devant le néant est un passage hors du temps, hors de notre réalité.

Un très beau moment de cinéma qui nous emporte loin.

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