Fleuve Noir

Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir….

Un jeune adolescent de 16 ans disparaît mystérieusement, sans laisser aucun message ni aucune trace.

La mère de Dany Arnault (Sandrine Kimberlain) se rend complètement affolée par la disparition de son fils, au commissariat de police le plus proche où le Commandant François Visconti (Vincent Cassel) la reçoit, dubitatif dans un premier temps. Il lui assure alors qu’il ne s’agit probablement que d’une petite escapade d’ado et que Dany est sans doute aller retrouver une petite amie en cachette…
Mais le lendemain, l’adolescent ne refait pas surface, et le policier se plonge dans une enquête aussi brumeuse que son cerveau alcoolisé. De fausses pistes en intuitions vaporeuses, l’histoire se laisse emporter dans un fleuve sombre qui draine sur son passage de bien obscurs personnages, et s’engouffre dans un labyrinthe psychotique où l’on perd vite pied.
Romain Duris est le voisin d’étage, assez proche du disparu pour lui avoir avoir donné des cours particuliers dans sa cave, persuadé de son immense talent d’écrivain latent, mais dont la cohésion mentale est aussi limpide qu’un marécage boueux. Le personnage est interprété stricto sensu par le néanmoins talentueux comédien, dont on pourrait se laisser à penser qu’il cherche désespérément à apporter sa lumière dans les brouillardeux scenari où il joue. On se rappellera Dans la Brume (Daniel Roby – 2018), qui nous avait déjà justement bien embrumé…

Vincent Cassel, de son côté, se perd dans une interprétation à la Columbo, aussi cliché que pathétique, à la limite du grotesque. On est plongé dans le polar noir de série B jusqu’au cou, et l’on pourrait suffoquer si l’on ne se prenait pas l’envie, régulièrement, de rire au second degré d’un si clownesque archétype de policier perdu dans sa vie comme dans ses enquêtes.

Sandrine Kimberlain, qui a avoué à la radio avoir détesté le tournage, interprète avec une morbidité déconcertante son rôle de mère au visage sombre, implorant, parfois haineux, qui cherche ou qui cache, on se sait plus vraiment…

Par ailleurs, Elodie Bouchez y est la femme complètement dépassée de Romain Duris et Charles Berling apparaît en tant que collègue Vincent Cassel pour tenter en vain de le sortir des eaux troubles.

Malgré un casting de haute-volée, ce dernier film d’Erick Zonca (La Vie rêvée des Anges) n’est pour autant pas séduisant du tout, voire accablant de tant de lourdeur de jeu comme d’écriture.

On ne croit pas plus à l’histoire qu’en la réalité des personnages, et l’ensemble se meut (ou se meurt) dans une obscurité obsessionnelle et profondément déprimante.
Seule la toute fin se révèle tout à fait surprenante mais scellant le tout dans une paralysie pétrifiante.

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