C’est fini.
J’ai résolu le seul problème philosophique vraiment sérieux. Je l’ai fait.
Ma vie a vacillé le jour où tu es partie.
Tu te sentais enchaînée dans notre histoire ternie par le temps. Tu avais besoin de t’enfuir, de revivre.
Moi j’ai suffoqué pendant neuf mois, depuis que tu m’as jeté dans la cellule de ma solitude, privé de ton amour.
Tu auras été ma Clotho, ma Lachesis, mon Atropos. Ma destinée t’appartenait. Je n’ai sûrement pas eu le choix de mon existence, peut-être même pas plus celui de mal t’aimer.
Je ne ressens plus rien, tout mon être se libère comme mon sang s’échappe de mon corps inerte.
La balle qui aurait dû mettre fin à toutes mes souffrances semble pourtant avoir manqué mon cœur vide.
On a dû entendre la détonation, la chute mon âme lourde sur le plancher, et prévenir les secours.
Et si j’avais le choix ?
Celui de me libérer de ma mort imminente, de vivre et d’apprendre à aimer ?
Si je pouvais me rattacher à ce fil…
« Il revient ! » s’exclame l’urgentiste affairé sur mon corps qui respire à nouveau.
A Xavier, le 14 octobre 2016
Photographie : © Régis Grand 2016