L’Homme qui tua Don Quichotte

Enfin !

Après presque 30 ans de vicissitudes, de déboires financiers, de maladie d’acteur (Jean Rochefort dans le rôle de Don Quichotte en 2000 souffre alors d’une double hernie discale, l’empêchant à tout jamais de remonter à cheval : la production est arrêtée), de météos diluviennes, Terry Gilliam présente enfin l’oeuvre qui l’aura animé une partie de sa carrière de réalisateur.
C’est aujourd’hui, après Ewan McGregor, Owen Wilson, Robert Duvall et John Hurt que Jonathan Pryce, acteur fétiche de Gilliam, porte avec brio le rôle du chevalier à la triste figure.
Accompagné de son devenu fidèle bien malgré lui écuyer Adam Driver en un Sancho Panza pathétique mais non moins touchant, c’est d’hallucinations en aventures aussi épiques que l’histoire du film lui-même que le héros de Cervantes se met en mouvement, pour une croisade boufonne et un idéal délirant.
Toby, un jeune réalisateur fantasque, colérique et narcissique, se retrouve un peu par hasard, alors qu’il tente désespérément de tourner une publicité, proche du village où il avait réalisé son film de fin d’étude : « L’Homme qui tua Don Quichotte ».
Le problème est que le pauvre vieux cordonnier du village embauché à l’époque pour sa gueule de l’emploi ne s’est jamais sorti de son rôle, et vit aujourd’hui en tant que Don Quichotte lui-même…
Don Quichotte ne meurt pas, comme ce film qui a eu tant de mal à naître, et rien ne pourra arrêter cette malédiction.
Il embarque avec lui le pauvre Toby dans une chevauchée fantasmagorique, ou la réalité importe peu tant que l’on poursuit ses rêves, à travers les contrées de notre triste époque, peuplée de migrants clandestins, d’orgie hyper-matérialiste où l’argent peut tout acheter et où l’on oublie surtout que l’imaginaire peut tout offrir.
Tout l’univers de Cervantès prend sa saveur une fois plongé dans celui de Gilliam (Les Aventures du Baron de Munchausen, L’Imaginarium du docteur Parnassus), et on s’en régale…

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