Un Peuple et son Roi

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La Bastille vient de tomber, la lumière éblouit un peuple réjouit mais dépassé par les évènements.

Le nouveau film de Pierre Schoeller (L’Exercice de l’Etat – 2011) démarre le Jeudi Saint de 1789. Alors que Louis XVI (Laurent Lafitte) lave les pieds des enfants pauvres, les rues de Paris sont en pleine ébullition. Tout s’agite, tout va très vite, trop vite, surtout dans le film. De ce moment catalytique de la Révolution Française à la décapitation du roi en janvier 1793, le réalisateur comprime le temps pour tout faire tenir en deux heures. Si la fidélité aux costumes, aux décors (la reconstitution de la salle du manège aux Tuileries est fascinante), et surtout aux textes lus pendant les débats à la toute nouvelle Assemblée Nationale au sujet de l’avenir du roi, est irréprochable, voire captivante, on se perd vite dans les deux films en un qu’a voulu monter le réalisateur.

La vision du peuple, condensée au sein d’une famille de souffleurs de verre, dont les discussions s’égarent parfois en envolées lyriques improbables, aurait pu être être considérablement développée. On pouvait d’ailleurs s’y attendre, au regard du titre du film. Le choix de symboles trop forts fait perdre de la profondeur aux propos échangés. La lumière solaire, par exemple, qui éblouit, à la chute des premières pierres de la Bastille, ce peuple qui vivait dans l’ombre, fait presque cliché. La mise en symétrie des débats sur la décapitation du souverain avec la transmission du métier de l’Oncle (Olivier Gourmet) au jeune Basille (le magnifique Gaspar Ulliel) est une allégorie trop attendue de ce peuple en soif de transformer les éléments bruts en la matière la plus pure, sous le feu qui enflamme les coeurs et les esprits des révolutionnaires. L’Oncle perdra même la vue pendant les combats. Trop de lumière soudaine et brutale l’aurait aveuglé…?

On a bien sûr tous en tête le tableau de Delacroix, La Liberté guidant le Peuple. Qu’à cela ne tienne, les femmes tiennent la part belle du scénario.
Certes, les rôles sont parfaitement incarnés par une Adèle Haenel plus qu’engagée dans la lutte, une Izia Higelin sublime ou encore une Noémie Lvovsky parfaite en meneuse de sans-culotte, mais on peine souvent à croire en la véracité de leurs positions.

Le chapitre phare du film repose indiscutablement les débats de l’Assemblée Nationale, étoffés par les discours oubliés de députés anonymes. Faut-il couper la tête au traitre qui a abandonné son peuple ? La position de chacun, défendue par ses intérêts personnels purement matériels ou ses idéaux humanistes, mènera on le sait, vers le chaos qui en coutera la tête à beaucoup.

Un beau moment historique, très riche d’informations, mais une sorte de Reader’s Digest du moment certainement le plus important de toute l’histoire de France.

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